Le fondement du bonheur

D’une manière ou d’une autre, nous le cherchons tous. Le bonheur. Sous des formes différentes, de façons variées. Mais au fond, nous voulons tous simplement être heureux.

Souvent, nous confondons le bonheur avec la joie. Notre société est encore ancrée dans l’illusion que le bonheur consiste à se promener avec un sourire permanent, à rencontrer tout le monde avec une joie débordante et une grande chaleur.

À mon avis, c’est tout aussi naïf que de croire que l’amour «est là» par nature (voir article: Aimer).

Nous sommes des êtres humains, et faire partie de l’humanité signifie avoir des désirs, des envies et des aspirations. Bien sûr, nous pouvons les remettre en question, les examiner, et peu à peu nous en libérer. Mais l’être humain est et restera une créature profondément complexe, et il n’est pas dans notre nature de ressentir uniquement de la joie. Et soyons honnêtes : cela ne nous rendrait pas heureux non plus.

Ce que j’ai perçu en Occitanie, c’est une immense volonté de vivre. Les gens veulent profiter de la vie et en tirer toute la richesse. Ils travaillent uniquement pour vivre. De cela naît une positivité et une chaleur uniques. Une liberté d’abandonner à la vie. De se jeter dans le plaisir avec passion.

Mais pourtant: si cette volonté de joie efface en nous la capacité de réfléchir à ce qui est négatif, la joie n’atteindra jamais la plénitude qu’elle pourrait avoir. Elle reste marquée par la peur de la perdre. Elle s’appuie sur des besoins individuels qu’il faut absolument satisfaire. C’est un magnifique château de cartes, qui peut très bien tenir. Mais qu’une seule carte vacille, et tout peut s’effondrer.

Les gens autour de moi s’inquiètent parfois de mes publications. Mes parents en premier. Cela m’étonne toujours, car pour moi, mon art et mon expression sont du bonheur pur. Me montrer avec toute mon honnêteté (autant que possible sur Internet), est pour moi un accomplissement en soi.

Pendant ce voyage, tout comme dans mon quotidien, je vis régulièrement des vagues d’émotions. Il fut un temps où j’essayais de réguler cela. J’essayais désespérément de traverser un «spectre normal» d’émotions, dans un cadre que je croyais «sain». Quand c’était trop intense, je me sentais fausse, excessive, hors de contrôle.

Mais depuis que je laisse chaque émotion venir, que je la traverse, que je l’écris et que je la transforme en musique ou en vidéo, je suis plus heureuse que jamais dans ma vie.

Je suis assise au bord de la route, je pleure toutes les larmes de mon corps… et je VIS.

Oui, ça fait mal. Une douleur parfois insupportable. Qui me secoue, me paralyse ou me déchire de l’intérieur. Un cœur si lourd que chaque mètre devient un combat. Mais quand je laisse cette douleur exister, cela veut dire que je m’écoute. La douleur bout en nous jusqu’à ce qu’on lui fasse de la place. Qu’on le veuille ou non, elle VEUT être ressentie. Et plus je cesse de lutter contre elle, plus je ressens un soulagement en moi. Une forme de gratitude, de moi envers moi.

Il est temps d’arrêter de faire semblant que tout va bien alors qu’un feu brûle en nous et demande à être vu.

La véritable joie a besoin de la douleur pour durer. Si nous parvenons à donner de l’espace à cette douleur, nous vivons aussi la joie avec une intensité plus belle et plus profonde que tout ce que nous pouvons imaginer, même dans nos plus beaux rêves.