Le dépassement des limites
Dans l’article La limitation du passé, j’ai déjà parlé des barrières.
Mais comment peut-on réellement les dépasser ?
C’est toujours un mélange entre P1 et P2 et la manière ainsi que l’intensité sont très individuelles. Ces limites ne sont pas rationnelles. Et même si nous les identifions, ce n’est qu’un premier pas. Pour que cette prise de conscience atteigne aussi notre inconscient, il faut toujours un travail sur les deux plans.
Étape 1: Prendre conscience
On prend conscience de ses peurs, de ses doutes et de ses croyances limitantes.
On réalise comment ces éléments nous empêchent de vivre la vie qu’on souhaite vraiment, au fond de soi. C’est à ce moment-là que naissent en nous des désirs profonds, et que nous nous autorisons à rêver.
Peut-être qu’on ne sait pas encore exactement quoi, mais le simple fait de rêver est essentiel pour la suite.
exemple 1: la trompette
Pour moi, ce fut le moment où j’ai franchi cette frontière intérieure: celle de croire que je pouvais devenir une bonne trompettiste d’orchestre. Quand cet objectif est devenu réaliste à mes yeux, mon horizon s’est soudain élargi et j’ai commencé à oser imaginer d’autres voies possibles avec la trompette.
exemple 2: la relation
Plus je me suis ouverte à mon monde émotionnel, plus j’ai compris que la relation dans laquelle je me trouvais à l’époque ne correspondait plus à la personne que je devenais.
La Transition
La transition vers l’étape 2 est un moment décisif. C’est là qu’on voit si on est vraiment prêt·e à franchir la limite. Souvent, on revient en arrière. On retourne dans notre ancienne réalité.
Cela nous semble être une petite folie. Un détour irréaliste dans des rêves surréalistes.
Ici, il est crucial de ne pas écouter la voix qui nous dit de “revenir sur terre”, mais au contraire de lui montrer notre détermination.
Étape 2 : Vouloir (P2)
Souvent, on veut déjà très fort ce changement. Et pourtant, on retombe encore et encore dans nos anciens schémas - alors qu’on sait très bien qu’ils ne nous font pas de bien. On ne peut pas sauter cette étape.
On peut agir (P1), mais si dans notre ressenti la limite n’est pas encore franchie, alors l’émotion négative nous collera à la peau et nous ramènera sans cesse en arrière.
Même si, pendant un temps, on croit que tout est réglé, tant que la frontière s’effrite sans être brisée, elle se reforcera, surtout au moment où l’on commence à la gratter.
Mais si on sait à quel point la vie pourrait être belle de l’autre côté de cette limite, pourquoi ne la franchit-on pas tout simplement ?
Parce que notre inconscient sait parfaitement que tout peut changer de l’autre côté. Ce qu’on gagne, on le paie toujours d’une certaine façon. Et laisser derrière soi l’ancien, c’est souvent douloureux.
exemple 1: la trompette
Un an avant la fin de mes études, ma décision de prendre un nouveau chemin avec la trompette est devenue plus claire. Je suis alors partie faire un tour à vélo d’une semaine au Danemark pour réfléchir à mes objectifs et commencer le nouveau semestre avec clarté. Je savais que si je prenais cette décision, il n’y aurait pas de retour en arrière, et que je renonçais pour de bon à ce qu’il restait de sécurité (déjà bien mince dans l’objectif de l’orchestre).
exemple 2: la relation
Il n’y a rien de plus douloureux, pour moi, que de s’éloigner d’une personne qui était si proche. Savoir que plus je franchis de frontières, plus nos mondes s’éloignent. On vit côte à côte, en se regardant devenir étrangers l’un à l’autre.
La liberté que j’ai gagnée en échange n’a pas de prix, mais le deuil de perdre cette connexion serai probablement toujours une partie de moi.
Étape 3 : Agir (P1)
Tu peux être parfaitement aligné·e émotionnellement et mentalement, mais si tu ne passes pas à l’action, tout reste une belle idée. C’est là qu’on est confronté·e à des choses hors de notre zone de confort. Encore et encore, on se retrouve dans des situations où la tête dit: «Tu ne peux pas faire ça maintenant !» et a mille arguments forts.
Mais ici, ce qui compte, c’est d’écouter au-delà de cette voix. De ressentir. Pour moi, c’est une sensation qui remplit tout mon corps d’un grand «OUI !». Et à ce moment-là, je n’ai plus vraiment le choix, car ce ressenti et cette vision me poursuivent jusqu’à ce que je les suive. Peu importe le résultat. Une décision prise depuis cet endroit profond ne se regrette pas. Même face à l’échec ou au rejet, on sait qu’on a été fidèle à son cœur.
Et un cœur sincère ne cherche pas à être rassuré. Il cherche uniquement à se donner pleinement à la vie.
exemple 1: la trompette
Je devais maintenant passer à l’action. J’ai parlé de ma décision à mon professeur et j’ai commencé mes recherches: je cherchais des musicien·nes, des personnes avec des visions très différentes de la musique. J’ai suivi divers cours à la fac. J’ai participé à des jam sessions. J’ai osé parler de ma vision pour l’ancrer. Et j’ai réfléchi aux options pour continuer dans cette voie après mon diplôme.
exemple 2: la relation
C’est évidemment plus complexe, car on est deux. Mais il est important de poser clairement ses attentes et ses désirs. Trop souvent, on se contente de moins, dans l’espoir de sauver la relation, en espérant que l’autre finira par suivre. Mais chacun fait son propre chemin. Et si les deux n’avancent pas dans la même direction, arrive un moment où on ne fait que se tirer mutuellement vers le bas.
Et pour franchir ses propres frontières, il faut alors lâcher.
Le tour
Une de mes limites, c’étaient les montagnes - ou plutôt les montées. Sur mes précédents voyages à vélo, je les avais évitées, choisissant des itinéraires plats. Je ne me faisais pas confiance pour les gérer (bien caché derrière un «j’aime pas les montées en vélo»), et je restais sur du facile. Cette fois, j’ai décidé d’arrêter de fuir les côtes.
Comme j’étais attirée par le sud, mon premier objectif était de franchir cette limite en Ardèche.
Et dans les semaines avant le départ, je me suis préparée intérieurement, avec détermination.
Dans ma patience un peu «fake», je m’étais donné trois jours pour tout gérer comme une pro.
Après trois jours à descendre du vélo, pousser, transpirer… j’ai fini par voir l’absurdité de ma tentative:
Je n’avais quasiment pas fait de sport depuis mon déménagement; je portais mes affaires pour neuf semaines, trompette comprise; je n’avais jamais vraiment grimpé de vraies côtes à vélo; et on était en plein été dans le sud de la France.
Comme ça ne s’améliorait pas, j’ai reconnu que j’essayais de franchir une limite trop lointaine par rapport à là où j’en étais.
Alors j’ai pris deux fois un covoiturage, et ensuite, j’ai vécu les plus belles descentes que j’aurais pu imaginer !
Aujourd’hui, le Pilat et l’Ardèche sont derrière moi et je peux dire: Les montagnes, je peux les affronter! Oui, il y a des limites. Et pour les dépasser, il faut souvent plus d’une semaine d’entraînement physique..
Mais maintenant je sais une chose: je monterai toujours. Que ce soit en pédalant, en poussant, en faisant des pauses… ou en voiture.
Il y a toujours une solution pour atteindre le sommet.