la performance
Pour cet article, je recommande de lire au préalable, ma définition de logos et éros dans le glossaire.
Atteindre un haut niveau de performance exige un logos solide.
C’est ce moment où l’esprit parvient à canaliser pensées et émotions vers un seul but. Toute l’énergie se concentre sur une tâche unique – qu’il s’agisse d’un instant ou d’une période prolongée. Pour y parvenir, nous devons apprendre à réguler nos émotions afin de déployer pleinement nos capacités physiques et mentales.
C’est ce moment où l’esprit parvient à canaliser pensées et émotions vers un seul but. Toute l’énergie se concentre sur une tâche unique – qu’il s’agisse d’un instant ou d’une période prolongée. Pour y parvenir, nous devons apprendre à réguler nos émotions afin de déployer pleinement nos capacités physiques et mentales.
L’être humain est fait pour ressentir. Dans la performance, il s’agit d’activer les émotions qui nous servent et de mettre de côté celles qui nous entravent.
La recherche de performance nous pousse à explorer nos limites, à nous dépasser. Elle nous conduit aussi à des états émotionnels intenses et c’est précisément ce qui rend cette expérience si fascinante à mes yeux.
Mais, comme toujours, il existe un revers à la médaille.
Dans ces moments-là, nous nous mettons en quelque sorte des œillères, ce qui - dans un monde saturé d’influences - constitue d’abord une compétence précieuse et essentielle.
Mais concentrer son attention signifie la concentrer sur les deux plans: factuel et émotionnel.
Qu’il s’agisse de nos propres émotions ou de celles des autres, plus nous entrons dans le Logos de la performance, plus il peut arriver que nous nous retrouvions dans un tunnel où notre cœur se ferme à l’immensité du monde.
Qu’il s’agisse de nos propres émotions ou de celles des autres, plus nous entrons dans le Logos de la performance, plus il peut arriver que nous nous retrouvions dans un tunnel où notre cœur se ferme à l’immensité du monde.
Il s’agit donc d’intégrer Éros: d’une manière qui ne fraine pas notre élan, mais qui permette à notre cœur de s’ouvrir et s’adoucir toujours à nouveau.
La clé réside dans la motivation profonde qui nourrit notre désir de performance.
D’après mes observations, je distingue actuellement trois facteurs de motivation:
Le refoulement
La performance peut - comme toute substance addictive - servir de distraction par rapport à nos propres émotions. En nous consacrant avec toute notre intensité à une seule chose, nous pouvons repousser des sentiments (et des pensées) désagréables tels que la douleur, le désespoir ou la tristesse.
L’amour
Pour mille raisons différentes, il se peut que nous ayons connu un manque d’amour de la part de nos parents.
Comme je l’explique dans l’article Aimer, nous ne pouvons aimer et être aimés qu’à la mesure où nous nous aimons nous-mêmes.
Que l’origine de ce manque réside dans l’amour de soi ou dans l’amour parental, c’est là que la spiritualité et la psychologie diffèrent.
Mais une chose est certaine: nous ne pouvons pas changer nos parents, ni les contraindre à nous offrir enfin la forme d’amour dont nous avons besoin, ni réparer leurs erreurs passées.
Comme je l’explique dans l’article Aimer, nous ne pouvons aimer et être aimés qu’à la mesure où nous nous aimons nous-mêmes.
Que l’origine de ce manque réside dans l’amour de soi ou dans l’amour parental, c’est là que la spiritualité et la psychologie diffèrent.
Mais une chose est certaine: nous ne pouvons pas changer nos parents, ni les contraindre à nous offrir enfin la forme d’amour dont nous avons besoin, ni réparer leurs erreurs passées.
Il nous reste donc deux options:
- Nous donner à nous-mêmes l’amour que nous désirons ardemment. Un amour capable de guérir la douleur et de combler le vide.
- Tenter par tous les moyens d’obtenir l’amour de nos parents. Selon les parents, cela peut prendre des formes très différentes. Mais notre société tend à nous apprendre ceci: si tu fournis les efforts attendus, tu seras aimé.
Derrière notre travail se cache donc souvent l’effort constant de répondre aux attentes. Aussi grande que soit la passion pour ce que nous faisons, elle est toujours teintée d’un désespoir latent. Chaque échec semble diminuer notre valeur. Chaque médiocrité est marquée par le sentiment de ne pas être digne d’amour.
La reconnaissance
Ici, il s’agit davantage de reconnaissance et d’acceptation que d’aimer , mais il s’agit encore une fois d’un faible sentiment de valeur personnelle que l’on cherche à compenser par la performance.
Outre les parents (ou autres figures d’attachement), l’école joue également un rôle important à ce niveau.
Nous grandissons avec l’idée que notre valeur est liée à nos résultats. Il y a les bons et les mauvais, ceux qui savent et ceux qui ne savent pas. Nos efforts sont évalués par des notes. Ces notes semblent décider de qui réussira dans cette société et qui n’y parviendra pas. Et le message de notre société est clair: seule une performance suffisante donne le droit de faire partie du système.
(Ce que la société considère comme suffisant est détaillé dans l’article « Prends-moi au sérieux ! »)
Outre les parents (ou autres figures d’attachement), l’école joue également un rôle important à ce niveau.
Nous grandissons avec l’idée que notre valeur est liée à nos résultats. Il y a les bons et les mauvais, ceux qui savent et ceux qui ne savent pas. Nos efforts sont évalués par des notes. Ces notes semblent décider de qui réussira dans cette société et qui n’y parviendra pas. Et le message de notre société est clair: seule une performance suffisante donne le droit de faire partie du système.
(Ce que la société considère comme suffisant est détaillé dans l’article « Prends-moi au sérieux ! »)
Pendant longtemps, ma motivation a été le besoin de trouver ma place dans la société. Pour moi, cela signifiait: être pris au sérieux - avoir un impact et une signification dans ce monde.
Au‑dessus de cela, il y a toujours eu une passion pour le jeu de la trompette, qui vit en moi depuis que je me souviens.
Mais au fond, mon travail a toujours eu un goût de désespoir, attendant que je sois enfin assez bon dans quelque chose pour reconnaître ma propre valeur.
Une blessure que j’ai laissée croître en moi pendant vingt ans ne guérit pas si vite. Elle demande du temps et de la compréhension. Mais plus je prends conscience de cela, plus je remarque clairement que je déconstruis peu à peu ces pensées destructrices, jusqu’au jour où elles ne seront plus qu’un souvenir.
Mais au fond, mon travail a toujours eu un goût de désespoir, attendant que je sois enfin assez bon dans quelque chose pour reconnaître ma propre valeur.
Une blessure que j’ai laissée croître en moi pendant vingt ans ne guérit pas si vite. Elle demande du temps et de la compréhension. Mais plus je prends conscience de cela, plus je remarque clairement que je déconstruis peu à peu ces pensées destructrices, jusqu’au jour où elles ne seront plus qu’un souvenir.
Qu’est-ce qui relie ces trois facteurs de motivartion ?
La peur. Tous reposent sur la peur de ne pas obtenir de reconnaissance, de ne pas être aimés, ou d’être confrontés aux ombres de notre inconscient.
Et la peur ferme notre cœur.
Pour pouvoir intégrer Éros, il nous faut donc une motivation capable de remplacer ces facteurs de motivation empreints de peur:
Et la peur ferme notre cœur.
Pour pouvoir intégrer Éros, il nous faut donc une motivation capable de remplacer ces facteurs de motivation empreints de peur:
La passion
C’est un sentiment qui naît de l’abondance, et non du manque. La passion exige du courage, car la passion est honnête. Elle reconnaît que nous ne sommes pas dans un fossé d’où il faudrait nous sortir. Elle sait déjà à quel point nous sommes aimables et brillants, et elle perçoit tout ce qui est possible à partir de là où nous nous trouvons.
Pour ma part, la capacité à mettre certaines émotions de côté ne fonctionne que partiellement. Parfois, j’aimerais bien posséder cette aptitude, mais refouler mes sentiments ne marche pour moi que lorsque la vie est en jeu. (La mort de mon ego, apparemment, ne compte pas…)
Ma curiosité pour tous les états émotionnels est simplement trop grande. C’est une curiosité si profondément ancrée dans mon corps que ma performance peut osciller chaque jour entre le génial et le catastrophique.
Mon inconscient prend plaisir à attribuer une énorme importance à chaque petit concert dans ma vie. Ainsi, la préparation comme le concert deviennent pour moi des expériences intenses et excitantes. Aujourd’hui, j’ai compris ce jeu, et si je suis honnête - je l’apprécie et j’en ai besoin.
Ma curiosité pour tous les états émotionnels est simplement trop grande. C’est une curiosité si profondément ancrée dans mon corps que ma performance peut osciller chaque jour entre le génial et le catastrophique.
Mon inconscient prend plaisir à attribuer une énorme importance à chaque petit concert dans ma vie. Ainsi, la préparation comme le concert deviennent pour moi des expériences intenses et excitantes. Aujourd’hui, j’ai compris ce jeu, et si je suis honnête - je l’apprécie et j’en ai besoin.
Pour moi, la raison pour laquelle je veux performer réside dans la recherche d’une expression libre à la trompette. Un feu brûle en moi pour cela, et je suis prêt à tout donner pour y parvenir.
Plus je parviens à atteindre mon propre expression personnelle, plus je réussis à canaliser mon attention pendant que je joue.
Plus je parviens à atteindre mon propre expression personnelle, plus je réussis à canaliser mon attention pendant que je joue.
Dans l’effort, nous nous plaçons constamment à nos limites. Comme je l’explique dans Le dépassement des limites, cela signifie que nous sommes sans cesse contraints d’activer notre volonté et notre détermination. Une ténacité qui nous pousse à donner tout ce que nous avons. J’adore ce sentiment.
exemple: le vélo
Pédaler. Garder l’objectif en ligne de mire. Ne pas ralentir. Plus vite ! Tenir ! Ne pas penser à la conversation d’hier ! Peu importe ce que cette personne a ressenti, dit ou pensé ! Pédaler !!
Tout mon corps se fond dans mon action, et il n’y a plus rien d’autre que de faire du vélo. Le mouvement constant de mes jambes. La respiration qui remplit mes poumons. Le regard fixé droit devant. Et aussi mon monde émotionnel se durcit . Il n’y a pas de place pour les sentiments maintenant.
Soudain, je comprends pourquoi ces sportifs élégants me saluent toujours d’un simple hochement de tête sérieux. À cet instant, il n’y a que l’objectif. Qui croise mon chemin importe peu. Ils passent comme des ombres.
J’avais jusqu’ici ressenti cela uniquement en jouant de la trompette, et je me réjouis de le découvrir aussi à vélo.
Mais attends ! Une magnifique rivière serpente entre les montagnes, j’ai failli la manquer. D’habitude, un tel spectacle m’émerveille. Cette fois, mon cœur reste froid. Je ne peux penser qu’à mon objectif. Il faut continuer ! Je suis en plein dedans. D’autres paysages magnifiques viendront encore à admirer. Alors je reprends de la vitesse.
Oh, quelqu’un était là et voulait engager la conversation ? Peu importe : je croise encore assez de gens, celui-ci se débrouillera sans moi.
Tout mon corps se fond dans mon action, et il n’y a plus rien d’autre que de faire du vélo. Le mouvement constant de mes jambes. La respiration qui remplit mes poumons. Le regard fixé droit devant. Et aussi mon monde émotionnel se durcit . Il n’y a pas de place pour les sentiments maintenant.
Soudain, je comprends pourquoi ces sportifs élégants me saluent toujours d’un simple hochement de tête sérieux. À cet instant, il n’y a que l’objectif. Qui croise mon chemin importe peu. Ils passent comme des ombres.
J’avais jusqu’ici ressenti cela uniquement en jouant de la trompette, et je me réjouis de le découvrir aussi à vélo.
Mais attends ! Une magnifique rivière serpente entre les montagnes, j’ai failli la manquer. D’habitude, un tel spectacle m’émerveille. Cette fois, mon cœur reste froid. Je ne peux penser qu’à mon objectif. Il faut continuer ! Je suis en plein dedans. D’autres paysages magnifiques viendront encore à admirer. Alors je reprends de la vitesse.
Oh, quelqu’un était là et voulait engager la conversation ? Peu importe : je croise encore assez de gens, celui-ci se débrouillera sans moi.
Cette sensation est incroyable. C’est une force en nous qui attend d’être réveillée. Mais nous sommes humains, et notre cœur aspire à s’ouvrir aux autres et, surtout, à nous-mêmes. Si nous manquons de nous écouter, toutes ces émotions refoulées s’accumulent dans les profondeurs de notre inconscient et cherchent désespérément des moyens d’attirer notre attention.
Lorsque nous ressentons une passion naturelle pour la performance (ce qui n’est pas le cas de tout le monde !), il est important de la suivre.
En même temps, nous devons apprendre à pouvoir être doux à certains moments. L’essentiel est de trouver la bascule.
En même temps, nous devons apprendre à pouvoir être doux à certains moments. L’essentiel est de trouver la bascule.
Ce n’est qu’ainsi que la quête de performance devient quelque chose qui nous épanouit et nous rend heureux, au lieu de nous consumer lentement de l’intérieur.
Ce n’est qu’ainsi que nous pouvons reconnaître nos limites lorsque notre corps réclame une pause.
Ce n’est qu’ainsi que nous pouvons accepter un compliment après un concert, sans répondre avec gêne en énumérant tout ce qui n’était pas parfait.
Ce n’est qu’ainsi que nous pouvons tout donner pour nos objectifs, sans perdre de vue notre famille et nos amis.
Ce n’est qu’ainsi que nous pouvons accepter un compliment après un concert, sans répondre avec gêne en énumérant tout ce qui n’était pas parfait.
Ce n’est qu’ainsi que nous pouvons tout donner pour nos objectifs, sans perdre de vue notre famille et nos amis.
Ainsi, nous deviendrons une société qui avancera sans se perdre ni aller droit dans le mur.
Ainsi, nous resterons ouverts aux merveilles de la vie que nous aspirons tous à découvrir, et nous reconnaîtrons toutes les facettes qu’elle aura à offrir.
Car ce n’est qu’ainsi que nous trouverons le bonheur, déjà présent, qui n’attendra qu’à être découvert par nous à chaque instant.