Trop

Jun 28, 2025
J’ai l’habitude d’être trop. Trop bruyante, trop rapide, trop émotive. Je parle trop, je pense trop, je ressens trop. Je veux trop, j’attends trop, je désespère trop, je demande trop.
Petit à petit, j’ai appris à être moins que ce que je suis. Et c’était encore trop.
 
Plus précisément: JE me trouvais trop, MOI-MÊME.
 

1. J’ai voulu être dans des systèmes où ma façon d’être ne pouvait qu’être trop

Que ce soit un lycée scientifique ou un orchestre, j’ai choisi encore et encore de vouloir répondre à des attentes qui n’avaient rien à voir avec ma personnalité.
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Le système de notre société est en grande partie conçu pour que nous fonctionnions. Souvent, on apprend dès le plus jeune âge à réprimer nos émotions pour pouvoir répondre à certaines attentes précises et produire une certaine performance.
Je trouve que la performance est quelque chose de bien et de fascinant, et c’est une qualité importante que de pouvoir aller vers ses objectifs. La performance nous pousse à atteindre et dépasser nos limites. (Pour en savoir plus sur les limites, voir l’article « La limitation du passé »)
Mais tant que nous poursuivons la performance sans intégrer nos émotions, nous perdons peu à peu notre humanité.
Plus nous sommes capables, d’un côté, de performer et, de l’autre, de laisser de la place à nos émotions, plus nous développons des capacités qu’aucune technologie au monde ne pourra jamais retirer à l’humain.
 

2. Je n’ai pas appris comment vivre mes émotions sans qu’elles soient trop.

Pour cela, nous avons besoin de :
 
a) une mise en perspective de nos émotions
Nous devons développer une conscience de ce que nous ressentons. Où est-ce que je ressens mes émotions dans mon corps ? Comment est-ce que je les perçois ?
 
b) une communication
À moins de vivre seul·e dans une cabane au fond des bois, il est essentiel de pouvoir communiquer nos émotions.
Car que nous le voulions ou non, elles se manifestent de toute façon dans notre comportement. Plus une émotion est intense, plus le comportement peut sembler irrationnel. Ce n’est pas forcément un problème, si nous sommes capables de faire comprendre à l’autre quelle émotion se cache derrière.
 
c) une expression / un exutoire
Les émotions s’accumulent en nous si nous ne parvenons pas à les faire sortir.
Cela peut être une expression - une forme d’art comme la peinture, la musique, l’écriture, etc. - ou un exutoire, comme le sport, la danse, crier, pleurer, courir…
Mais qu’on les veuille ou non, qu’on les trouve appropriées ou non, les émotions ont besoin de sortir de nous.
Sinon, elles nous rongent de l’intérieur et contrôlent notre comportement depuis notre inconscient.
 

 
 
Et si je suis complètement honnête avec moi-même: ces derniers jours, je me suis encore cachée dans les forêts du Pilat et de l’Ardèche pour ne pas être trop pour des autres.
Et pourtant: même là, j’avais peur d’être trop pour les cinq personnes qui pourraient éventuellement passer par là.
Quand je fais du bivouac sauvage, je me sens plutôt en sécurité, parce que je trouve de très bons coins où me cacher. Mais ce qui me fait beaucoup plus peur, c’est d’être trop pour les propriétaires du terrain, s’ils me surprennent.
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Mais j’ai une mission pour ce voyage. Alors il faut aller à la rencontre des gens. Je me mets donc en route vers le sud.
Et comme souvent dans la vie: dès qu’on a une prise de conscience, vient le test.
Jour 5, je me retrouve soudain dans le petit village le plus animé que j’aie vu depuis des jours, et je vois là l’occasion de faire le premier pas.
Je lutte un instant avec moi-même. D’abord, je scrute les fenêtres autour de moi. Combien de personnes pourrais-je réveiller ? Puis j’observe les gens dans la rue. Ont-ils l’air d’avoir envie de musique ou cela va-t-il plutôt les énerver ?
Ahh !! Je sens ma peur d’être trop contrôler mes pensées et je me force encore plus à jouer ici, maintenant.
 

Fin de l’histoire…

Je me suis éclatée !
Les gens étaient ravis, ils sont même venus exprès vers moi. On a bien discuté, et Dominique (un ancien bijoutier super sympa) m’a même invitée à déjeuner.
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Conclusion :

  • Je préfère nettement jouer pour des gens que pour des vaches
  • Beaucoup de gens aiment la musique
  • Je suis musicienne, et j’ai donc quelque chose à offrir que beaucoup apprécient
  • Quand je ne cherche pas à être moins que ce que je suis, je rencontre des personnes pour qui je ne suis pas trop